Arts Martiaux et handicap : présentation générale et exemple de mise en application

Arts martiaux

 

Présentation générale et exemple de mise en application. Maladroitement associés à une notion de performance, les arts martiaux regroupent de nombreuses disciplines qui tendent vers l’accomplissement de soi. Dans ce cadre, le domaine du handicap au sens large prend toute sa place, où le pratiquant pourra dépasser ses limites, au-delà des problématiques liées à son ou ses handicaps. Approfondissons ensemble le sujet où les valeurs sont le Maître mot…

 

Eléments généraux de contexte

Le secteur du handicap regroupe environ 9.6 millions de personnes en France en situation de handicap (Classification internationale des handicaps selon O.M.S) dont 1.8 millions de personnes avec une reconnaissance administrative du handicap (INSEE 2007). La Loi du 11 FEVRIER 2005 sur la citoyenneté des personnes handicapées insiste sur l’obligation de favoriser l’intégration des personnes handicapées dans les divers secteurs d’activités de la vie en société. Bien évidemment, les loisirs et les sports sont intégrés à cette démarche. Est appelé « handicapé » celui dont l’intégrité physique ou mentale est progressivement ou définitivement diminuée, soit congénitalement, soit sous l’effet de l’âge, d’une maladie ou d’un accident, en sorte que son autonomie, son aptitude à fréquenter l’école ou occuper un emploi, s’en trouve compromise. (OMS : Office mondiale de la Santé). Les grandes classes de type de handicap – handicap moteur, visuel, auditif, mental, ainsi que les maladies invalidantes – sont donc différenciées, et la mise en avant de la notion de handicap invisible représente une avancée importante. Ainsi, prenant en considération ces éléments de contexte, toute personne présentant un déficit doit pouvoir s’intégrer à tous les secteurs d’activité. Il s’agit donc de reconnaitre la personne handicapée en tant que personne et non en tant «qu’handicapé», terme trop réducteur, car réduisant la personne à son déficit.

 

LE PLUS DIFFICILE POUR ELLES ÉTANT SOUVENT DE CONSIDÉRER QUE CETTE PRATIQUE LEUR EST ACCESSIBLE !


 

Art martial et handicap

Comme tout un chacun, les personnes handicapées sont, elles aussi, attirées par les concepts de base des Arts Martiaux qui reposent sur les notions de maîtrise, respect, efficacité, progression personnelle, self défense … Le plus difficile pour elles étant souvent de considérer que cette pratique leur est accessible ! L’objectif pour les encadrants est d’intégrer une démarche de respect de la personne, au sens où l’on considère celle-ci comme pouvant pratiquer cet art, même avec des adaptations. Il s’agit d’une démarche qui, au-delà de l’aspect humain, nécessite une méthode qui doit permettre de réussir l’intégration envisagée. Plusieurs éléments sont à prendre en compte :

  • la motivation des personnes : connaître à minima les pathologies ou les handicaps présentés ainsi que leurs conséquences fonctionnelles. Lorsque les personnes sont suivies médicalement, il est fondamental d’échanger avec l’encadrement soignant, afin que les choix pédagogiques, techniques, de l’enseignant soient cohérents avec la démarche thérapeutique. Les techniques développées dans les arts martiaux peuvent d’ailleurs être considérées comme une pratique pouvant prolonger la rééducation.
  • effectuer une évaluation : Il est nécessaire de réaliser une évaluation à minima des capacités psychomotrices des personnes pour se rendre compte des potentiels et pour commencer à préparer l’intégration dans un cours classique ou dans un cours à adapter.
  • préparer l’intégration dans un cours : Il est nécessaire de présenter les personnes avec leurs spécificités, échanger sur leurs handicaps. Envisager la démarche pédagogique avec les élèves est très important, à la fois pour rassurer, mais aussi pour préparer les adaptations de la pratique.
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Adaptations techniques et bénéfices pour les personnes en situation de handicap

Les adaptations techniques demandent une mobilisation particulière de l’enseignant. Il faut éviter une « perte » de qualité du cours quelle que soit la situation de handicap. Les adaptations sont à la fois spécifiques pour chaque type de handicap, mais aussi, et c’est très important, individualisées. Aussi, la pratique est adaptée avec, à la fois des adaptations communes qui constituent des principes généraux, mais aussi, des spécificités individuelles qui permettent d’être le plus efficace possible. Par la suite dans le déroulé des cours, les adaptations techniques sont présentées à l’ensemble des élèves, avec des démonstrations réalisées par les personnes handicapées elles-mêmes, ce qui permet de démontrer que la pratique n’est pas bradée, qu’il ne s’agit pas d’une «sous pratique», mais bien d’un Art Martial à part entière. Ce cours spécifique doit permettre, à terme, d’intégrer dans les cours classiques les pratiquants handicapés, lorsque cela est possible.

 

L’intégration , facteur de réussite

L’intégration, c’est la mixité, c’est éviter l’isolement des personnes. Cependant pour des raisons pédagogiques et techniques, il peut être impossible d’intégrer directement, ou en continu, des pratiquants nécessitant une attention particulière. Lorsque la ou les personnes handicapées sont intégrées à un cours « classique », les élèves valides ne doivent pas avoir l’impression que lorsque la personne handicapée participe à l’entraînement celui-ci perd en intérêt, en dynamique et en progression. On assisterait alors au rejet de la démarche. La présence d’un assistant qui aide l’enseignant, doit permettre d’éviter ce type de situation. On remarque, d’autre part, que certains élèves se proposent spontanément pour s’entrainer avec les personnes handicapées, y trouvant un « bénéfice ».

 

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Un exemple de mise en application

Dans le cadre d’une adaptation technique au niveau mondial, cette démarche a été adoptée pour la pratique du Haidong Gumdo, voie du sabre traditionnel coréen. La France a été responsable de tout le travail pilote préliminaire de fond pour l’adaptation et la déclinaison de tout l’éventail des composantes de la pratique. Dans un premier temps, un panorama récapitulatif des techniques, mais aussi des handicaps a été décliné afin de permettre d’anticiper sur l’ensemble des adaptations techniques à proposer en fonction des thématiques et/ou situations rencontrées. Il convient de noter qu’il est très difficile d’uniformiser les situations et les profils, notamment en ce qui concerne l’approche martiale pour les personnes en situation de handicap, quel qu’en soit l’état de gravité. Cependant, une réflexion approfondie permet d’identifier des profils « génériques » de handicaps ainsi que les réponses concrètes. Il est à noter que la mise en place de la progression technique avec les passages de grade peut être proposée mais nécessite pour l’enseignant un investissement particulier. Celle-ci ne peut être que bénéfique à l’ensemble des acteurs car elle les fera évoluer d’une façon générale.

 

Si l’intégration de personnes handicapées dans un cours de sabre coréen (Haidong Gumdo) nécessite un investissement des différents acteurs, elle n’en demeure pas moins un moyen d’évolution technique, pédagogique et humain des enseignants et pratiquants. Il importe, en effet, que cette évolution puisse apporter un plus pour tous les acteurs ; personne handicapée, bien sûr, enseignants et élèves dans le cas où le cours intègre différentes catégories de personnes (handicapées ou non). Cette réflexion est riche en approfondissement et recherche l’efficacité, ce qui permettrait même à tous les pratiquants valides d’améliorer leur propre pratique. Si un seul des partenaires est « perdant », le travail proposé sera rapidement un échec. Les adaptations techniques du programme pédagogique spécifique aux personnes vivant un handicap sont toujours en évolution et aujourd’hui en cours de finalisation, avec un programme totalement adapté. Ce programme a par ailleurs donné satisfaction et mis en application notamment en Corée. L’axe principal du programme pédagogique que proposé par France Haidong Gumdo est ainsi essentiellement centré sur les déficiences sensorielles, et plus particulièrement sur :

  • Les facultés principales :

– la vue, – l’ouïe, – la motricité

  • Les capacités émotionnelles :

– identifier, accéder et contrôler ses émotions, celles des autres et celles d’un groupe, – agir sur les différentes opérations mentales (la motivation, les émotions, les cognitions pour parvenir à affiner les états de conscience).

Les exercices proposés fonctionnent particulièrement bien pour les personnes en situation de handicap, et ce quel que soit leur âge, et permettent à ces dernières d’aller à la conquête ou la reconquête de repères personnels dans la compréhension et l’acceptation de soi et de l’autre.

 

LES RÉSULTATS ENREGISTRÉS DU PROGRAMME QUI A AINSI ÉTÉ DÉCLINÉ EN CORÉE SONT TRÈS PROMETTEURS


 

Les résultats enregistrés du programme qui a ainsi été décliné en Corée sont très prometteurs et soulignent un niveau de satisfaction général :

  • Pour les personnes qui ont suivi le programme

– les apports pédagogiques et ludiques permettent une vraie mise en situation martiale et allègent le degré de pénibilité de réalisation des exercices, – les exercices présentent des objectifs à atteindre et ne restreignent pas le travail à la seule recherche d’adaptation du handicap, – une ouverture sur les autres est clairement enregistrée avec notamment l’ouverture à l’écoute et au dialogue.

  • Pour les accompagnants qui suivent régulièrement les personnes en situation de handicap,

– les exercices proposés permettent de ressentir les efforts de réalisation « en même temps » que les personnes en situation de handicap – les exercices proposés apportent un objectif commun de réalisation qui atténue la situation handicap / non handicap

  • Pour la famille des personnes en situation de handicap,

– le constat de réalisation effective des exercices par les personnes en situation de handicap est un moteur de renforcement de la cohésion familiale – au-delà des problématiques liées à proprement dit liées au(x) handicap(s), les familles assistent véritablement :

      • à une situation de réalisation du SOI,
      • à une situation d’acceptation et d’intégration
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JEAN-FRANÇOIS CAPOZZI RESPONSABLE SERVICE ADHÉRENTS CAHPP

 

Contact

SERGE DUBOIS PRÉSIDENT FRANCE HAIDONG GUMDO www.haidong-gumdo.fr

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6 réponses

  1. Bonjour,
    Prenons l’exemple d’un malvoyant; s’il pratique un sport de combat sur des tapis reprenant l’idée des dalles podotactiles, celles-ci l’aideraient il a se repérer sur son espace de combat ? Merci de votre réponse.

    • Alexandre Joos dit :

      Bonjour,
      j’ai transmis votre demande à l’auteur de l’article. Vous allez recevoir une réponse d’ici peu.
      Cordialement.

  2. Clavreul dit :

    Bonjour,
    Association d’Arts martiaux/Arts du Vivant dirigée par Sirhan
    Djezzar, nous souhaitons inviter un de vos membres ou l’auteur de l’article, fort intéressant, pour faire une petite conférence de 10 à 15
    mn le 12 avril prochain, vers 19H30 à la Mairie du 13ème arrondissement
    de Paris, dans le cadre du spectacle « Nourrir la Vie, Yang Sheng » que
    nous organisons, afin de sensibiliser le public sur cet aspect du
    handicap et des arts martiaux.
    Merci par avance

  3. Tahar Kemali dit :

    j’ ai 70 ans je suis handicape moteur avec canne je vais intégrer à votre cour qu’est que il faut faire MRRCI

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