Association La Flèche

524704_371184899661686_2076668433_n_1Nicolas, jeune souffrant d’une infirmité motrice cérébrale, est né en 1987. Très rapidement, l’association « la Flèche » a été créée pour le soutenir. Cette association qui est longtemps restée à une dimension familiale porte le nom du premier appareillage qui a été acheté : sorte de déambulateur en forme de flèche.

Nicolas avait fait aller ses petites jambes et il avait traversé seul le couloir. Il nous montrait la voie, il fallait suivre la flèche.

Pendant la première décennie, les activités se sont concentrées sur la recherche d’aides techniques pour faciliter la communication. La Flèche a créé un petit épélateur*, puis plusieurs centaines d’activités informatiques ont vu le jour et ont servi à Nicolas, mais aussi à beaucoup de jeunes car elles ont été offertes à des établissements.

Création du Handiclub de la Pévèle

Au début des années 2000, l’association prend une nouvelle dimension pour deux raisons. L’acquisition d’un fauteuil roulant électrique verticalisateur à commande occipitale nécessite de trouver des fonds importants. L’association va alors organiser un premier concert avec Fabrice Eulry, le recordman du monde d’endurance au piano qui reprendra son spectacle présenté à Bobino. Ce sera le début d’une longue histoire entre l’association et la musique. La seconde raison est liée aux incertitudes concernant l’orientation de Nicolas. Une étude prospective auprès des établissements, de la CDES – Commission Départementale de l’Education Spécialisée – et d’organismes comme le CREAI -Centre Régional pour l’Enfance et l’Adolescence Inadaptées- montre qu’à cette époque, trois jeunes sur quatre quittent les instituts d’éducation motrice sans solution et se retrouvent à revenir chez eux… à l’âge où on devrait en partir. Anticipant l’éventualité d’une telle situation, « la Flèche » crée le Handiclub de la Pévèle.

Installé à Templeuve, ce club propose des activités sportives, culturelles et citoyennes. Progressivement, l’association s’équipe d’aides techniques permettant de pratiquer des activités en compensant les déficiences : joëlettes* pour la randonnée et la course à pied, vélo-fauteuil, fauteuil-ski. L’association organise des manifestations et participe à des événements comme des courses locales ou le championnat du monde de joëlettes. Le matériel est mis à disposition des adhérents qui peuvent en profiter. Le club ouvre aussi un atelier de peinture adaptée. Mettant des prothèses aux pinceaux plutôt qu’aux personnes, différentes techniques sont développées afin de pouvoir pratiquer la peinture avec réussite malgré une gestuelle déficiente. Les aides humaines sont aussi essentielles. La tierce personne qui seconde l’artiste doit être à l’écoute et fabriquer en temps réel l’outil scripteur qui permettra de réaliser la trace souhaitée. La création est à tous les niveaux et chacun y trouve son compte.

*Appareil pour épeler les mots

*Joëlette : La Joëlette est un fauteuil tout terrain mono-roues qui permet la pratique de la randonnée à toute personne à mobilité réduite.

Toutes ces activités ont en commun de ne pas être orientées et réservées spécifiquement aux personnes handicapées. C’est une approche souhaitée et essentielle qui caractérisant l’association. Que ce soit pour les promenades à pied, la course, le ski, le vélo ou la peinture, toutes les activités proposées sont ouvertes à tous, valides comme personnes handicapées. Il s’agit bien de pratiquer des activités ensemble, chacun trouvant pleinement sa place. C’est dans cet esprit de partage que va se développer une nouvelle activité, centrée sur la pratique musicale.

Découverte du Bao-pao

Paris, salon Autonomic 2007. Entre un stand de fauteuil roulant et un autre de corsets, des notes s’échappent et attirent l’attention. Quatre personnes utilisent un drôle d’instrument, le bao-pao, et tentent de mettre en place un morceau en commun. Nicolas qui adore la musique est intéressé. Mais il ne présente qu’une motricité volontaire qu’avec la tête. Qu’à cela ne tienne. Avec un foulard, on lui attache une baguette sur la tête. Ressemblant à un œuf de Pâques, Nicolas traverse le faisceau laser avec la baguette et joue de la musique. Voici une nouvelle stimulation susceptible d’orienter profondément les actions de l’association.

Un an plus tard, « la Flèche » organise au collège Paul Eluard de Cysoing un stage de découverte du bao-pao. Autour des collégiens, sont invités des établissements accueillant des enfants et des adultes ayant des déficiences motrices ou mentales ainsi que des adultes autistes. La maison de retraite est aussi associée à cette dynamique. Pour le financer ce projet, l’association organise le premier festival international de boogie-woogie qui verra se produire quelques-uns des meilleurs spécialistes du genre. Pendant trois jours, des enfants, des adultes, des personnes âgées, des personnes handicapées ou valides se retrouveront pour jouer de la musique ensemble avec le bao-pao. Il n’y a plus de frontière et l’expérience est très concluante. Cette réussite génère une dynamique et l’acquisition d’un instrument s’impose.

Pendant deux ans, l’association va mener différentes actions dont un nouveau festival de musique pour acheter l’instrument et de financer un stage de formation qui se déroule à Templeuve. Afin de partager cette initiative, des professionnels d’établissements spécialisés et de la maison de retraite de Templeuve s‘associent à cette formation. En 2010, « la Flèche » achète un bao-pao. C’est le premier instrument au Nord de Paris.

L’association peut alors créer un atelier musical et plusieurs personnes handicapées viennent pratiquer la musique avec un grand plaisir. L’atelier reçoit le parrainage symbolique de Jean-Claude Casadessus. En parallèle, l’association est sollicitée par de nombreux établissements et associations qui souhaitent découvrir et en savoir plus sur cet instrument. Dans un esprit associatif et de partage, « la Flèche » a systématiquement répondu favorablement, et gracieusement, à ces invitations, faisant ainsi découvrir des possibilités nouvelles aux professionnels comme aux usagers. La réflexion se nourrit alors mutuellement et de nombreux projets se développent dans la région avec des instituts d’éducation motrice, des IME, des MAS, des accueils de jour, mais aussi en collège.

Organisation des rencontres régionales de la musique adaptée

Les nombreuses initiatives se multiplient et engendrent une grande richesse de partage. Mais si « la Flèche » connait tous les acteurs de la région, ceux-ci ne se connaissent pas et ils ont certainement beaucoup à partager. C’est ainsi que nait l’idée d’organiser des rencontres régionales de bao-pao. Les objectifs sont multiples :permettre aux différents acteurs de se rencontrer et d’échanger

  • partager les expériences communes,
  • mettre en valeur les travaux réalisés,
  • faire découvrir ces nouvelles possibilités à un public large.

Sur deux jours, un forum a favorisé les contacts et les échanges, et un colloque a stimulé la réflexion sur la pratique musicale. Les projets régionaux ont été présentés avec des approches éducatives. Des ergothérapeutes ont exposé leurs travaux sur l’utilisation du bao-pao malgré une grande diversité de situations. Des associations ont présenté leur démarche. Pour compléter, des éducateurs, des musiciens et pédagogues ayant une expérience depuis de nombreuses années sont venues de Normandie ou du Vaucluse apporter leur regard et expliciter leurs travaux réalisés sur du long terme en IME, en école de musique et en établissements scolaires. Ces rencontres d’une richesse exceptionnelle ouvrent de nouvelles perspectives enthousiasmantes. Comme il se doit, la manifestation s’est terminée en musique avec un concert qui restera gravé dans les mémoires.

Actuellement, « la Flèche » continue ses activités au sein de l’atelier musical, avec à terme la volonté de créer un groupe musical ouvert à la fois à des personnes handicapées et valides. Elle mène en parallèle un travail de fond sur la réalisation de fiches pédagogiques permettant de conduire des séances d’apprentissage. Fidèle à son esprit, l’association reste disponible pour des animations musicales ponctuelles et gratuites auprès des établissements et des associations souhaitant découvrir les possibilités et les enjeux offerts par cet instrument.

http://assofleche.canalblog.com/

Renseignements : Association « la Flèche » 43 rue de Lille

59242 Templeuve.

Responsable : Alain Chanu Tél. 06 45 65 63 77 achanu@orange.fr

Mais comment ça marche ?

Créé pour permettre d’accéder à la pratique musicale malgré une gestuelle déficiente, le bao-pao est un instrument d’interprétation musicale. Il est constitué de quatre arcs reliés à un synthétiseur. Lorsque l’on franchit la corde laser d’un arc, on active un son qui fait avancer une partition assistée par ordinateur. On intervient ainsi sur le rythme, la liaison, la nuance.

Le bao-pao est un instrument qui permet une grande mixité. Peuvent jouer ensemble des personnes handicapées et valides, des jeunes et des personnes âgées, des débutants et des musiciens confirmés. Les possibilités sont infinies en y ajoutant d’autres instrumentistes…

Un instrument à découvrir :

  • pour le plaisir et la convivialité,

  • pour la thérapie,

  • pour le partage.

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