Un papa qui ne manque pas de courage

M. COILLOT nous a été signalé pour avoir réalisé chez lui, l’installation d’une plateforme élévatrice verticale pour permettre à son fils Simon, âgé de 5 ans, de gagner l’étage en fauteuil roulant électrique. Nous sommes allés l’interviewer à son domicile.

Question : M. Coillot, comment en êtes-vous venu à réaliser vous-même une plateforme élévatrice verticale chez vous ?

Réponse : Je travaille dans l’industrie et la serrurerie. Un chariot élévateur électrique est resté pendant 3 ou 4 jours devant ma fenêtre de bureau et je devais le détruire. Au bout de 4 jours, a germé en moi une idée toute simple qui était de le détacher de sa cabine de chauffeur et de le modifier. J’étais tout joyeux ce soir là. J’y ai réfléchi jour et nuit pour le concevoir. Au départ, j’étais parti sur un treuil. Ma conception du départ était plus simple, mais à mon avis réalisable. C’est tout simplement d’acheter dans le commerce un treuil électrique, soit avec cable, soit avec palan électrique que vous accrochez en partie supérieure avec élaboration d’un rail de guidage pour accrocher le plancher de réception. C’était moins automatisé mais c’était mon idée de départ si je n’avais pas récupéré ce chariot élévateur. Un treuil ou un palan électrique sont à la portée du grand public non en contact avec l’industrie. Ils sont disponibles chez Castorama, Leroy Merlin, la grande distribution. Reste ensuite à être bricoleur mais on devrait s’en sortir.

Question : Comment avez-vous procédé pour installer ce chariot élévateur électrique chez vous ?

Réponse : Je l’ai désolidarisé de sa cabine. J’ai enlevé la cabine conducteur, récupéré deux groupes hydrauliques, la batterie 12 volts (c’est une batterie au voltage identique à celui d’une voiture, c’est simplement une batterie un peu plus conséquente pour avoir de la réserve), un chargeur de batterie. J’ai modifié un peu les points de fixation, fait un ancrage supérieur au niveau du mur, un ancrage des platines à la base, pour fixer au sol, le tout bien réglé verticalement. J’ai modifié un peu les distributeurs hydrauliques. C’est donc devenu un monte charge autonome. Ce type de matériel peut très bien fonctionner avec une batterie de voiture style voiture diesel, ici c’est une batterie industrielle. Ce chariot élévateur peut atteindre, pour moi, une hauteur de 3 m, ce qui est suffisant pour élever Simon là haut. Je vais aussi réaliser un plancher de 1,20 m x 1,20 m pour accueillir le fauteuil, tout ça bien sûr équipé de tôles en aluminium strié, type de ce que l’on trouve dans les ascenseurs courants du commerce. Je ferai un habillage pour cacher tout ce qui est mécanique, chaînes etc… pour des questions esthétiques et de sécurité, un habillage intérieur à la cage d’escalier, en placoplâtre pour dire de faire un peu de décoration et des portes d’accès de l’intérieur de la maison pour arriver sur la plateforme. Les portes d’accès seront certainement d’ailleurs coulissantes pour une raison d’encombrement et de facilité. Même s’il faut les automatiser, il sera plus simple d’automatiser une porte coulissante, qu’une porte à deux ventaux.

Question : Comment cet ascenseur sera-t-il manoeuvré ?

Réponse : Actuellement j’ai monté des contacteurs en appui constant, mais c’est surtout pour faire fonctionner la mécanique, pour voir si ça fonctionnait bien …… j’utilise en fait actuellement la plateforme pour achever mes travaux de maçonnerie. Au lieu de monter un échafaudage, j’ai tout simplement un échafaudage automatique qui existe ; ensuite, il sera possible de mettre des contacteurs avec une simple impulsion et avec une butée de fin de course. Une butée haute de fin de course et une butée basse en réception pour simplifier toute manipulation de Simon.

Question : Que se passe t-il en cas de panne de batterie ?

Réponse : On a besoin de la batterie uniquement pour faire fonctionner le groupe hydraulique. Donc, pour faire une élévation, il faut émettre une pression d’huile. Pour la descente, simplement, c’est un contacteur, une ouverture pour libérer la pression d’huile et le vérin redescend de son propre poids. En cas de panne de batterie ? On arrive très bien à redescendre.

Question : Que reste t-il donc à construire autour de la plateforme ?

Réponse Je vais monter les murs jusqu’en haut de la porte de l’étage avec une fenêtre en bas et une fenêtre au niveau supérieur pour faire entrer la lumière au niveau de la cage d’escalier pour que ça soit gai et que de l’extérieur, ça se marie bien avec le reste de la maison. De l’extérieur, on croira qu’il s’agit d’une cage d’escalier, d’une pièce, d’un cellier, sans imaginer que c’est un élévateur.

Question : A combien vous reviendra t-elle ?

Réponse : C’est un coût qui est réel pour moi mais qui, en fait, est parti beaucoup de relationnel, de bricolage, de récupération. Style, quand on veut réparer une voiture, on va dans une casse automobile. Là, je suis allé dans une casse de récupérateur de chariot élévateur. Il faut connaître des personnes dans le domaine de l’industrie. C’est un coût qui va pour moi, avoisiner 8.000 F à 10.000 F, y compris la maçonnerie, la décoration, ce qui pour moi n’est pas négligeable par rapport à un prix de 100.000 F à 120.000 F par les professionnels. C’est très appréciable, avec également en plus, la satisfaction de réaliser quelque chose pour son gamin, d’original et de performant. Question : Aviez-vous réalisé des devis d’installation avant d’envisager cet aménagement ?

Réponse : Oui, j’avais fait faire trois à quatre devis par de grosses entreprises connues et tous avoisinaient entre 80.000 F et 100.000 F sans compter la maçonnerie que je devais rajouter.

Question : Au niveau outillage, avez-vous eu besoin d’un atelier particulier ?

Réponse : Non, car j’ai réalisé tout cet ensemble chez moi. Un poste à soudure à l’arc est suffisant pour réaliser de bons supports, un peu de matière ferraille, des platines acier de 10 mm, des bonnes chevilles en résine chimique pour faire un très bon accrochage au niveau du mur, quelques platines pour fixer au sol, une caisse de mécanicien pour faire du câble électrique, pour mettre en place des contacteurs, des distributeurs hydrauliques… C’est à la portée de tout bon bricoleur qui sache bricoler, tronçonner, souder etc… quand on veut faire quelque chose et qu’on s’en donne les moyens, on y arrive.

Question : Combien de temps cela vous aura t-il pris ?

Réponse : Si l’on veut concevoir la mécanique, la mise en place et la maçonnerie, pour moi, cela doit prendre trois à quatre mois en comptant les week-ends, tout doucement, une journée de congé par-ci par-là ; je pense qu’en trois mois de temps, on sait élaborer l’ensemble, le tout étant de s’y tenir, mais bon, faire tout cela en été… on y arrive.

Question : Votre formation professionnelle vous a aidé à le réaliser mais que conseillerez-vous à un particulier qui voudrait en faire autant ?

Réponse : Je travaille en effet dans l’industrie, dans la serrurerie. Je fais de la sous-traitance pour l’industrie, c’est vrai que cela facilite car je touche à la tuyauterie, à la ferronnerie, à la soudure, à la mécanique. Je traite donc ces problèmes là au quotidien et cela facilite quand même. Ce que je conseillerais à toute personne, si cette personne a des capacités de bon bricoleur en soudure pour relier des tuyaux et en mécanique, c’est de se rapprocher de quelqu’un dans l’industrie de chargement, d’un service d’entretien, d’un entrepôt de chargement chez les transporteurs ; ou encore d’une maison de location. Il en existe dans chaque grande ville de ces sociétés qui louent des chariots élévateurs électriques, diesel ou autre… Au bout d’un moment le chariot élévateur qui ne passe plus le contrôle technique est déclassé et ferraillé. Vous leur rachetez alors un chariot élévateur comme vous rachèteriez une voiture et à vous après de la transformer, d’innover un peu. Mais on peut y arriver puisque voilà.

AVERTISSEMENT : Nous ne pouvons que souligner l’ingéniosité de M. COILLOT à travers cette réalisation novatrice, même si cependant des règles de prudence sont à émettre.

Hacavie renvoi ainsi tout particulier à l’étude qu’elle a réalisée sur les différents systèmes de changement de niveaux et à travers laquelle sont particulièrement mises en valeur la réglementation et les normes de sécurité de chaque système.

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